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POÉSIES DE BURNS.


XIV.

Le père, semblable à un prêtre, lit la sainte page.
Comment Abraham était l’ami de Dieu, qui est là-haut,
Ou comment Moïse ordonna de faire une guerre éternelle
À la race perverse d’Amalec :
Ou comment le barde royal tomba en gémissant
Sous le coup de l’ire vengeresse du ciel ;.
Ou la plainte pathétique de Job, et son cri lamentable ;
Ou l’ardent feu séraphique d’Isaïe enlevé ;
Ou les autres saints voyants qui touchaient la lyre sacrée.

XV.

Peut-être le volume chrétien sert de thème,
Comment le sang innocent fut versé pour l’homme coupable :
Comment celui qui portait daus le ciel le second nom
N’eut pas sur la terre de quoi reposer sa tête :
Comment ses premiers sectateurs et serviteurs prospérèrent,
Les sages préceptes qu’ils écrivirent pour maint pays ;
Comment celui qui solitaire était banni dans Pathmos
Vit un ange puissant debout dans le soleil,
Et entendit l’arrêt de la grande Babylone prononcé par l’ordre du ciel.

XVI.

Puis, s’agenouillant devant l’éternel roi du ciel,
Le saint, le père et le mari prie :
« L’Espoir s’élance ravi sur une aile triomphante[1] »
A l’idée de se retrouver tous ainsi aux jours à venir ;
De se baigner à jamais dans des rayons incréés ;
De ne plus soupirer ni verser de larme amère,
Chantant ensemble des hymnes à la louange de leur créateur,
En pareille société, mais encore plus chère,
Tandis que le Temps décrira un cercle dans une sphère éternelle.

XVII

Comparé à ceci, combien pauvre est l’orgueil de la religion
Dans toute la pompe de la méthode et de l’art,
Quand les hommes déploient dans de vastes assemblées
Toutes les grâces de la dévotion, excepté le cœur !
La Puissance suprême, irritée, désertera le spectacle,
Le chant pompeux, l’étole sacerdotale ;
Mais peut-être, bien loin dans quelque chaumière à part,
Elle pourra entendre avec plaisir le langage de l’âme,
Et en inscrire les pauvres habitants dans son livre de vie.

  1. Pope. Forêt de Windsor. (N. d. trad.)