Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
111
POÉSIES DE BURNS.


ÉPITRE A J. LAPRAIK,
VIEUX BARDE ÉCOSSAIS,
1er AVRIL 1785.

Au moment où les églantiers ct les chèvrefeuilles poussant des bourgeons verts !
Et les perdrix jetant de grands cris le soir,
Et les lièvres qu’on voit courir le matin,
Inspirent ma muse,
Excusez, je vous prie, cette liberté
Dans un ami inconnu.

Le mardi gras nous eûmes une soirée
Pour faire la causette et pour tisser nos bas ;
Et il y eut force gaieté et plaisanterie,
Vous n’en pouvez douter ;
À la fin nous eûmes une joyeuse partie
De chants à la ronde.

Il y avait une chanson, entre autres,
Elle me plaisait plus que tout le reste,
Que quelque bon mari avait adressée
À sa chère femme :
Elle faisait vibrer dans le sein loutes les fibres du cœur
Jusqu’au fin fond.

Je n’ai jamais guère entendu si bien décrire
Ce que sentent les âmes mâles et généreuses ;
Je pensai : « Serait-ce l’ouvrage de Pope,
De Steele ou de Beattie ? »
On me dit que c’était d’un brave et singulier garçon,
Auprès de Muirkirk.

Cela me donna grande envie d’en savoir plus :
Je pris donc là des informations sur lui,
Et tous ceux qui le connaissaient déclarérent à la ronde
Qu’il avait un génie
Que nul ne surpassait, dont peu approchaient,
Tant il était beau ;

Que, mettez-le devant une pinte d’ale,
À un récit grave ou joyeux,
Ou à des vers et des chansons qu’il a faits lui-même,
Ou à de spirituels refrains :
Entre Inverness et Tiviotdale,
Il avait peu de rivaux.