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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/185

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POÉSIES DE BURNS.


La guëpe cnvenimée, victoricuse, garde sa cellule. —
Tes favoris, les rois, défendent, contrôlent, dévorent,
Dans toute l’omnipotence de la régle et du pouvoir.
Les reuards et les hommes d’état combinent des tours subtils ;
L’honune de la cité et le putois sentent mauvais,et sont en sûreté ;
Les crapauds avec leur poison, les docteurs avec leurs drogues ,
Le prêtre et le hérisson dans leurs robes, sont à leur aise ;
Mème la fenime sotte a ses ruses de guerre,
Sa langue et ses yeux, lance et dards redoutés.
Muis , helas ! uigre ct dure marütre,

Pour ton pauvre enfant nu et sans défense — le barde,
Etre incapable de recevoir des leçons d’adresse monduine,
Et à moitié idiot, et encore plus dénué de ressourc"s,
Point de talons pour le porter loin du sombre cachot,
Point de griffes pour creuser, et en éviter l’odieuse vue,
Point de cornes, si co n’est celles portées par l’hymen infortuné,
Et celles-là, hélas ! nullement la corne d’Amalthée ;
Point de nerfs olfactifs, comme au chien fidèle de Mammon,
Couvert de la fourrure comfortable de la riche stupidité.
Dans sa sensibilité nue et dans sa fierté souffrante,
il supporte des deux côtés le poids de la tempète :
Les libraires vampires lui suceunt tout le sang du cœur,
Et les critiques scorpions lui lancent leur venin mortel.
Critiques : — c’est avec elfroi que je hasarde le nom,
De ces coupe-jarrets, ces bandits des sentiers de la renommée,
Sanglants disséqueurs, pires que dix Monror !
11 hache pour enseigner, ils déchirent pour dénigrer.
Le cœur tordu, sans motif, pour le plaisir du mal,
Poussé à la folie par l’audace des suts ;
Ses lauriers bien gagnés, plus chers que la vie mème,
Arrachés par des mévcréants, qui n’en doivent jamais porter une
Renversé, saignant, torturé dans cette lutte inégale, (bronche ;]
Le malheureux poète se débat dans la vie,
{son sein ,]

Jusqu’à ce qu’aient fui toutes les espérances qui jadis embrasaient
Et qu’aicnt fui toutes les muses qui, glorieuses, l’inspiraicnt jadis ;
S’afTaissant dans la vicillesse crasseuse et sans défense,
Mort mème au ressentiment de sa page injuriée,
1 ! reste inattentif ou insensible à la rage de l’impitoyable critique,
Ainsi, près de quelque haie, le généreux coursier mort,
Repas exquis pour les dogues hargneux ct affamés,
N’ayant plus que la peau ct les os à force de travail et de faim,
Git insensible à l’acharnement de tous ces fils de chiennes.
O bûtisc ! partage des vrais heureux !

Port calme et bien abrité d’éternel repos !
Tes fils ne s’emportent jamais aux furicuses extrémités
Des slaccs polaires ou de la zone torride de la fortune,
Si elle emplit et couronne de mousse la coupe d’or,
1ls y boivent avec une modération égoïste et calme :