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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/259

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POÉSIES DE BURNS.


Alors je me déterminai à prendre
Ma course dans le monde, oh !
Quoiqu’être riche ue fût pas mon désir,
Etre grand avait des charmes, oh !
Mes talents n’étaient pas des pires ;
Mon éducation non plus, oh !
J’étais du moins résolu à essayer
D’améliorer ma position, oh !
De mainte manière, mais sans succès,
Je courtisai la faveur de la fortune, oh !
Toujours quelque cause invisible vint à la traverse
Frustrer chaque effort, oh !
Tantôt j’étais écrasé par des ennemis,
Tantôt abandonné par des amis, oh !
Et, quand j’étais au comble de l’espoir,
C’est toujours alors que j’étais le plus déçu, oh !
Alors, cruellement harassé, et las enlin
Des déceptions de la fortune, oh !
Je Jaissai là mes plans, comme de vains rèves,
Et j’arrivai à cette conclusion, oh|
Que le passé était mauvais, et l’avenir caché,
Son bien et son mal inconnus, oh !
Mais que l’heure présente était en mon pouvoir,”
Et qu’ainsi j’en jouirais, oh !
Je n’avais ni aide, ni espoir, ni perspective,
Ni personne pour m’épauler, ob !
il fallait donc peiner, et suer, et griller,
Et travailler pour subsister, oh !
À labourer et semer, à moissonner et faucher,
Mon père m’avait élevé de bonne heure, oh !
Car un homme accoutumé au travail, disait-il,
Pouvait lutter avec la fortune, oh !
Ainsi tout obscur, inconnu et pauvre,
Je suis condamné à errer dans la vie, oh !
Jusqu’à ce que je repose mes os fatigués
Dans le sommeil éternel, oh !
Sans but ni souci que d’éviter tout ce qui pourrait
Me causer peine ou chagrin, oh !
Je vis aujourd’hui du mieux que je peux,
Sans m’occuper de demain, oh !
Mais, toujours gai, je suis aussi bien
Qu’un monarque : dans un palais, oh !
Quoique l’inimitié de la Fortune me pourchasse toujours
Avec sa malignité habituelle, oh !

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