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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/274

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POÉSIES DE BURNS.


Son compagnon fidèle partagera sa peine,
Ou par des chansons trompera ses ennuis :
Mais moi, ici avec mes chers nourrissons,
Sans compagnon qui m’assiste, sans compagnon qui m’égaie,
Je passe des nuits de veuvazge et des jours d’affliction
Tandis que Willie est loin des coteaux de Logan.
Oh ! malédiction sur vous, hommes d’État
Qui excitez les frères à des haines mortelles !
Vous qui faites gémir maint tendre cœur,
Que cela retombe sur vos têtes !

Comment vos cœurs de roche peuvent-ils jouir
Des pleurs de la veuve, du cri de l’orphelin ?
Mais puisse bientôt la paix ramener d’heureux jours
Et Willie à son logis sur les coteaux de Logan !
XCV.

LE BOCQUET.

Oh ! l’amour se hasardera où il n’ose guère être vu,
Oh ! l’amour se hasardera où la sagesse a été autrefois ;
Mais je vais aller roder le long de cette rivière, sous le bois si vert,
Et cela pour faire un bouquet à ma chère May.
Je cueillerai la primevère, le premier-né de l’année,
Et je cueillerai l’œillet, emblème de ma chérie,
Car elle est l’œillet des femmes, et fleurit sans rivale,
Et cela pour faire un bouquet à ma chère May.
Je cueillerai le bouton de rose, quand Phæbus commence à poindre,
Car c’est comme un baiser embaumé sur sa jolie bouche fraiche :
L’hyacinthe, au bleu inaltérable, est pour la constance,
Et cela pour faire un bouquet à ma chère May,
Le lis est pur et le lis cst beau,
Et dans son sein charmant je poserai le lis ;
La marguerite est pour la simplicité et l’air naturel,
Et cela pour faire un bouquet à ma chère May.
Je cueillerai l’aubépine aux cheveux gris-d’argent,
Là où, comme un vieillard, elle se tient au point du jour ;
Mais le nid du petit chanteur dans le buisson, je ne l’emporterai
Et cela pour faire un bouquet à ma chère May.
(pas ;)