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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/307

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POÉSIES DE BURNS.


Mais les éperviers déroberont les tendres joies
Qui réjouissent le nid de la petite linotte ;
Et la gelée brülera les plus jolies fleurs,
Et l’amour troublera le plus profond repos.
Le jeune Robie était le plus beau des garçons,
La fleur et l’orgueil de toute la vallée,
Et il avait des bœufs, et des moutons, et des vaches,
Et de chevaux bondissants, neuf ou dix.
Il alla avec Jeanie à la foire,
Il dansa avec Jeanie dans la plaine ;
Et long-temps avant que l’innocente Jeanie le sût,
Elle avait perdu son cœur, elle avait perdu son repos.
Comme au sein de l’onde
La lune habite, quand tombe la rosée du soir,
Ainsi tremblant et pur était le tendre amour
Dans le cœur de la belle Jeanne.
Et maintenant elle fait l’ouvrage de sa maman,
Et toujours elle soupire d’inquiétude et de peine ;
Pourtant elle nc sait quel peut être son mal,
Ni ce qui pourrait la rétablir.
Mais le cœur de Jeanie, est-ce qu’il ne bondit pas légèrement,
Et la joie ne brilla-t-elle pas dans son œil,
Quand Robie Jui parla d’amour,
Un soir sur le pré couvert de lis ?
Le soleil baissait au couchant,
Les oiseahx chantaient délicieusement dans chaque taillis ;
11 pressa avec transport ses lèvres sur les siennes,
Et tout bas lui conta ainsi son amour :
O bell+ Jeanie, je t’aime tendrement ;
Oh ! crois-tu avoir du goût pour moi ?
Ou veux-tu quitter la chamière de ta mère,
Et apprendre à avoir soin des fermes avec moi ?
Tu ne travailleras ni à la grango ni à l’étable,
Ni à rie qui te donne de la peine :
Mais tu iras dans les bruyères en fleur,
Et tu examincras avec moi le blé ondoyant.
Or que pouvait faire la naïve Jcanie ?
Elle n’avait pas envie de lui dire non :
A la fin elle donna en rougissant un doux consentement,
Et dés lors l’amo‘r fut toujours entre eux deux.