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POÉSIES DE BURNS.


Gueuses du Parnasse, j’en ai peur, j’en ai peur,
Vous allez maintenant me dédaigner !
Et alors mes cinquante guinées par an
Ne m’avanceront guère.
O vous, jnyeuses et charmantes donuzelles,
Qui près des ondes sinucuses de Castalie
Sautez, chantez, et baignez vos jolis membres,
Vous savez, vous savez
Que la forte nécessité est absolue
Parmi les tils des hommes.
J’ai une femme et deux petits sarçons,
IL faut qu’ils aient leur soupe de gruau et de quoi se vêtir.
Vous savez vous-même que j’ai le cœur très-ficr—
Je ne veux pas me vanter,
Mais je couperai des balais — je tresserai des branches de saule,
Avant qu’ils connaissent le besoin.
Seigneur, assiste-moi dans co monde de souci|
J’en suis bien dégoûté du snir au matin|
Non pas que je n’aie une part plus richo
Que beaucoup d’autres ;
Mais pourquoi un homme vivrait-il mieux,
Si tous les hommes sont frires ?
Allons, ferme Résolution, prends les devants,
Toi qui es dans l’homme ce que la tige mâle est dans le rhanvret
Et souvenons-nous que jamais cœur timide n’a réussi
Auprès des belles :
Celui qui fait tout ce qu’il peut,
Fera quelquefois davantage.
Mais, pour terminer mes sottes rimes
(Je suis à court de vers, et à court de temps) ;
Procuror un heureux coin du feu
À scs enfants et à sa femme,
C’est là le sentiment vraiment pathétique et sublime
De la vie humaine.
Mes compliments à votre sœur Beckie,
Et ajoutez-cn autant à la brave Lucky ;
Je sais qu’elle est la plus charmante poulette
Qui ait jamais foulé la terre !
Et aveo reconnaissance, mon bon vieux coq,
Je suis à vous pour toujours.
RORERT BURNS.