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POÉSIES DE BURNS.

LA MORT ET LE DOCTEUR HORNBOOK.


HISTOIRE VÉRITABLE.


Certains livres ne sont que mensonges d’un bout à l’autre,
Et certains gros mensonges n’ont jamais été écrits.
Même les ministres, on les a vus,
          Dans un saint entraînement,
Débiter parfois une bourde énorme,
          Et l’appuyer sur l’Écriture.

Mais ce que je vais raconter,
Qui est arrivé récemment un soir,
Est aussi vrai qu’il l’est que le diable est en enfer
          Ou dans la ville de Dublin :
Qu’il vienne jamais plus près de nous,
          C’est grand’pitié.

L’ale du hameau m’avait mis en gaieté ;
Je n’étais pas ivre, mais j’en avais juste assez ;
Je chancelais porfois, mais pourtant je prenais toujours garde
          D’éviter les fossés ;
Et les butte, les pierres et les buissons, je les distinguais toujours
          Des fantômes et des sorcières.

La lune, qui se levait, commençait à luire
Par-dessus les montagnes lointaines de Cumnock :
Je me mis à compter ses cornes
          Avec grand soin ;
Mais si elle en avait trois bu quatre,
          Je ne saurais le dire.

J’avais tourné la montagne,
Et j’arrivais tout branlant au moulin de Willie,
Posant mon bâton avec toute l’adresse possible
          Pour assurer mon pas ;
Quoique de temps en temps, contre mon gré, je fusse entraîné
          À la dérive.

Là je rencontrai quelque chose
Qui me mit dans une irrésolution pleine d’effroi ;
Une faux imposante par-dessus une épaule
          Vacillante pendait ;
Une fourche à trois dents était posée sur l’autre.
          Grosse et longue.