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POÉSIES DE BURNS.


Et souvent vos feux-follets qui traversent la mousse
Leurrent l’homme ivre qui s’est attardé :
De leur flamme les maudits, malfaisants singes
       Abusent ses yeux,
Jusqu’à ce que dans quelque fondrière fangeuse il s’enfonce
       Pour ne plus se relever.

Quand la parole mystique et la fourche des francs-macons
Dans les orages et les tempêtes vous évoquent,
Un coq ou un chat doit arrûter votre rage,
       Ou, chose étrange à dire !
Vous emporteriez le plus jeune frère
       Droit en enfer !

Il y a long-temps, dans le beau jardin de l’Éden,
Quand les jeunes amants pour la première fois furent accouplés,
Et que leur âme s’ouvrait tout entière à l’amour,
       En cette heure d’ivresse,
Si douce sur l’herbe odorante et fleurie,
       Sous l’ombrage touffu :

Alors vous, vieux chien artificieux,
Vous vîntes au paradis incognito,
Et jouàtes à l’homme un maudit tour
      (Noir soit votre lot !),
Et donnâtes au monde enfant un choc
       Qui l’a presque perdu.

Vous rappelez-vous ce jour où tout en hâte,
Avec des haillons enfumés et une perruque râpée,
Vous avez présenté votre sale face
       En bonne compagnie,
Et avez lancé de côté sur l’homme de Hus
       Votre âcre plaisanterie ?

Et comment vous l’avez courbé sous votre joug,
Et l’ayez dépouillé de ses maisons et châteaux,
Tandis que les gales et ulcères l’écorchaient
       De leurs griffes mordantes,
Et que, déchaînée, sa mégère de femme, à la langue mauvaise,
       Était pire que tout ?

Mais récapituler tous vos faits,
Vos piéges pertides et vos luttes acharnées
Depuis ce jour où Michel vous perça
       Jusqu’à ce temps-ci.
Lasserait une langue des Basses ou Hautes-Terres ;
       En prose ou vers.