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POÉSIES DE BURNS.


Quand le crépuscule appelait ma grand mère
À dire ses prières, la sage et honnête femme :
Souvent elle vous a entendu bourdonner derrière la muraille
       Avec un murmure qui faisait pour ;
Ou bruire en passant à travers les surcaux
       Avec un profond gémissement.

Une lugubre, orageuse nuit d’hiver,
Que les étoiles dardaient une lueur oblique.
De vous moi-même j’ai pris frayeur
       Au delà du lac ;
Vous, comme une touffe de jonc. vous vous teniez en vue.
       Avec un balancement plaintif.

Le bâton trembla dans ma main,
Chaque cheveu hérissé se tint droit comme un picu.
Lorsqu’avec un horrible et creux hum — hum —
       Du milieu des eaux
Vous vous envolâtes, comme un canard,
       Sur des ailes siflantes.

Que les magiciens refrognés et les sorcières flétries
Disent comment avec vous, à cheval sur l’herbe de Saint-Jacques,
Ils effleurent les bruyères et les rocs vertigineux
       Avec une vitesse infernale ;
Et dans les cimetières renouvellent leurs pactes
       Sur les morts déterrés.

De là vient que ces ménagères de campagne, avec labeur et peine,
Peuvent plonger et replonger en vain la baratte :
Car, hélas ! le trésor jaune a été pris
       Par un pertide maléfice ;
Et la vache choyce, de douze pintes, est devenue
       Aussi aride que le bœuf.

De là vient que des nœuds mystérieux font un grand affront
Aux jeunes gens passionnés, vifs et pleins de fou,
Quand le meilleur outil de la maison,
       Par un adroit sortilége,
Est réduit à ne pas valoir un pou
       Juste au moment décisif.

Quand les dégels dissolvent les amas de neige,
Et que flotte la croûte sonore de glace.
Alors les Esprits de l’eau hantent le fleuve
       Par votre ordre,
Et les voyageurs anuités sont attirés
       À leur perte.