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DIVERSES

Dont il sait enchanter les plus vives douleurs.
De toute ma raison ayant perdu l’usage,
Je croyais être, Iris, dans un sombre bocage
Où les rossignols tour à tour
Semblaient me dire en leur langage :
Vous résistez en vain au pouvoir de l’Amour ;
Tôt ou tard ce dieu nous engage.
Ah ! dépêchez-vous de choisir.
J’écoutais ce tendre ramage
Avec un assez grand plaisir,
Quand un certain oiseau, plus beau que tous les autres,
Sur des myrtes fleuris commença de chanter.
Doux rossignols, sa voix l’emporta sur les vôtres ;
Je vous quittai pour l’écouter.
Dieux ! qu’elle me parut belle !
Qu’elle s’exprimait tendrement !
Sa manière était nouvelle,
Et l’on rencontrait en elle
Je ne sais quel agrément.
Pour avoir plus long-temps le plaisir de l’entendre,
Voyant que, sans s’effaroucher,
Cet agréable oiseau se laissait approcher,
J’avançai la main pour le prendre ;
Je le tenais déjà, quand je ne sais quel bruit
Nous effraya tous deux : l’aimable oiseau s’enfuit.