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MALHERBE.

avec vous de mes faiblesses de bibliophile, mais je ne voudrais pas en trop faire rire les autres. Aussi bien y a-t-il dans cette nouvelle circonstance autre chose qu’un simple charme de l’imagination. L’ami des lettres peut y trouver son compte encore plus que le curieux de raretés bibliographiques ; et la forme, quelque attachante qu’elle soit aussi en elle-même, ne vient ici qu’après le fond.

J’ai à vous entretenir, en effet, madame, d’un exemplaire des poésies de Malherbe, sur lequel se trouvent un grand nombre de notes de la main d’André Chénier. Je pourrais sans doute enfler quelque peu ici ma voix et proclamer la découverte d’un commentaire complet ; car les amateurs de livres, je n’entends pas le nier, ont bien leur grain de charlatanisme tout comme les spéculateurs. Je le pourrais avec d’autant plus de raison que cette suite de notes, quoique jetées peut-être un peu au hasard sur les pages d’un livre d’étude, n’en présentent pas moins, à quelques égards, une sorte d’unité, quoiqu’elles ne semblent pas toujours avoir été là placées comme de simples jalons destinés à éclairer les travaux personnels de l’annotateur, et, enfin, que, loin de se renfermer dans les étroites limites de la critique verbale, elles s’élèvent parfois aux plus hautes considérations de l’art. Mais je ne prendrai pourtant point sur moi, madame, de donner de ma propre autorité le titre peut-être un peu fastueux de commentaire à ce très-remarquable travail d’André Chénier. Je n’ai rien de mieux à faire, je le sens, que de me livrer ici à une courte appréciation de l’ensemble et de quelques détails de ces notes. Je veux être seulement, comme d’usage, votre rapporteur littéraire : vous et le public vous jugerez.

Je vais même entrer de plano dans l’examen de cette