Page:Poésies de Schiller.djvu/100

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« Qu’est-ce que cet avenir caché sous le tombeau, et cette éternité dont tu parles si pompeusement ? Elle ne nous apparaît si imposante que parce qu’un voile la couvre ; c’est l’ombre gigantesque de nos propres terreurs qui se reflètent dans le sombre miroir de notre conscience.

« Le fantôme d’une image vivante, la momie du temps conservée par le baume de l’espérance dans les froides profondeurs du tombeau : voilà ce que, dans les rêves de la fièvre, tu appelles l’immortalité.

« Pour une espérance tu as livré des biens assurés. Pendant six mille ans la mort est restée muette : jamais un cadavre est-il sorti de la tombe pour adresser sa requête à la Déité rémunératrice ? »

J’ai vu les jours s’enfuir vers toi, éternité, j’ai vu la nature fleurie se dessécher comme un cadavre. Aucun mort n’est sorti de sa tombe, et cependant j’ai gardé ma confiance dans la promesse des Dieux. Je t’ai sacrifié toutes mes joies. À présent je me prosterne devant ton trône. J’ai méprisé les moqueries de la foule, je n’ai attaché de prix qu’à tes biens, Déité rémunératrice, je réclame ma récompense.

« J’aime tous mes enfants d’un amour égal, s’est écrié un génie invisible : il y a pour les enfants des hommes, pour le sage qui sait les discerner, deux fleurs : on les appelle Espoir et Jouissance.