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Page:Poésies de Schiller.djvu/264

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Junon.

Oui, je le dis. Mais pourquoi te moquer de la vieillesse ?… Il est vrai qu’elle n’a point enlacé de Dieux comme tes cheveux blonds.

Sémélé.

Pardonne à mon étourderie ! Comment pourrais-je me moquer de la vieillesse ? Mes cheveux ne flotteront pas toujours en blondes tresses sur mes épaules. Mais que murmurais-tu donc entre tes dents ?… un Dieu ?

Junon.

Ai-je parlé d’un Dieu ? Eh bien, oui, les Dieux sont partout et les faibles hommes ont raison de les invoquer. Les Dieux sont là où tu es, Sémélé. Que me demandes-tu ?

Sémélé.

Malicieuse femme ! Mais dis-moi ce qui t’amène d’Épidaure. Ce n’est sans doute point parce que les Dieux s’arrêtent volontiers auprès de Sémélé.

Junon.

Par Jupiter ! c’est cela même. Mais quelle rougeur subite a coloré tes joues, lorsque j’ai prononcé le nom de Jupiter ? C’est cela même, ma fille. La peste fait des ravages terribles à Épidaure. Chaque souffle est empoisonné, chaque souffle donne la mort. La mère brûle son fils, le fiancé sa fiancée,