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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/101

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lieutenant, sans aucune étude préliminaire, nommés à l’élection ou à la faveur, étaient connus pour leur arrogance. Leur morgue s’exerçait principalement à l’endroit des soldats de la ligne et, parmi ceux-ci, sur les plus vieux dont ils redoutaient la critique. Ils étaient intraitables sur les marques extérieures de politesse qu’ils exigeaient de leurs inférieurs.

Un jour, avec Leroux, pâle, fatigué, le regard éteint, les mains dans ses manches, je parcourais le faubourg de France lorsque nous croisâmes un sous-lieutenant des Mobiles de la Haute-Saône, un jeune blanc-bec, que je saluai.

Leroux, distrait, ne l’avait pas vu. Le sous-lieutenant vint à lui et, faisant siffler sa badine, d’un coup sec, enleva son képi qui s’en fut rouler dans la boue.

Leroux bondit sous l’insulte et j’arrivai à temps pour retenir son poing fermé.

— Votre nom, votre numéro, votre com-