Bien que trouvant un peu exagérées les recommandations de prudence du capitaine, nous partîmes tout joyeux, Pichon et moi : Pichon scandant notre marche de ses refrains, mais atténuant sa voix quand nous arrivions dans une zone supposée dangereuse.
La route de Pérouse à Chèvremont se déroule dans une carrière de ce grès rose dont sont bâtis l’église et le château. Sa surface mamelonnée, recouverte à rares intervalles d’une herbe courte et grisâtre, semble faite à souhait pour fournir d’utiles abris dans une guerre de surprises et d’escarmouches.
La campagne était déserte. De temps à autre, le bruit — auquel nous étions déjà faits — des coups de canon échangés qui passaient au-dessus de nos têtes sans aucun danger.
Nous avions franchi les derniers avant-postes et nous étions en vue de Chèvremont