Aller au contenu

Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lourde et mon estomac vide, dit Pichon.

— Parfait, répond le lieutenant, entrons !… J’ai justement quelques rations de café sur moi, il ne nous manquera rien.

L’appétit aiguisé par cette course matinale, nous passions le seuil, remplis des meilleures intentions, quand, d’un geste instinctif, jetant un dernier regard autour de nous, nous apercevons, comme des ombres noires, dans leur uniforme sombre, cinq ou six Prussiens se glissant presque à plat ventre au pied du grand calvaire.

— Alerte !… alerte !…

Vivement, nous sommes hors de la maison ; aussitôt, cinq ou six balles nous sifflent aux oreilles. Alors, aussi courbés que possible, nous dissimulant de notre mieux derrière les fumiers qui, suivant la mode alsacienne, s’élèvent devant chaque maison, nous battons en retraite en ripostant.

Ce fut mon premier coup de feu, et il se présentait de façon pittoresque. La maison