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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/159

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partîmes, ayant décidé que vingt-cinq hommes entreraient dans le champ et que les vingt-cinq autres feraient le coup de feu.

Ce programme fut suivi. Vingt-cinq hommes s’éparpillèrent à travers les choux et en remplirent leurs toiles de tentes. Jamais le sobriquet de notre sabre-baïonnette ne fut si bien justifié.

Les Prussiens s’émurent. Au jour naissant, nous vîmes quelques silhouettes s’estomper dans un brouillard argenté. Mais les Allemands sont longs à se mettre en mouvement, et lorsque cinq ou six coups de fusil nous arrivèrent aux oreilles, la récolte était faite. Une de leurs balles vint frapper un de nos porteurs : nous la retrouvâmes dans un beau cœur de chou. Quant au camarade qui le portait, il ne s’en était pas même aperçu. À ce moment, le soleil éclairait le poste ennemi où une douzaine d’hommes à peu près paraissaient stupéfaits de notre audace : leur manger ainsi