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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/171

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Un de nos soldats entre un jour avec une charge de bois ramassé sous la neige et que ses bras soutiennent sur sa tête. Au moment où il pénètre dans cette salle surchauffée, il pousse un cri, cherche en vain à se débarrasser de son fardeau. Il ne pouvait plus mouvoir ses bras… il avait les mains gelées ! Je le pousse aussitôt hors de la pièce et, le précipitant sur la neige, aidé de quelques camarades, je lui fis d’énergiques frictions qui ramenèrent heureusement la circulation.

Un accident du même genre faillit m’arriver à moi-même, à quelques jours de là. La veille, nous étions entrés dans nos granges avec la presque certitude que la nuit serait tranquille. Transgressant la défense générale, pour une fois j’avais quitté mes bottes[1] : il y avait bien trois

  1. J’avais pu, au début du siège, m’offrir ce luxe envié d’une paire de bottes qui m’a duré toute la campagne et m’a été bien précieuse.