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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/174

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été commandés pour surveiller la voie ferrée. On nous signalait comme probable, au cours de la nuit, le passage d’un convoi de vivres dont il eût été bon de nous emparer. La neige n’avait cessé de tomber toute la journée précédente ; on y enfonçait jusqu’au-dessus de la ceinture.

Placés de cinq en cinq mètres, en bordure de la voie, les soldats ne devaient pas être relevés de toute la nuit. Quant aux caporaux, ils étaient en marche continuelle pour veiller à ce qu’ils ne s’endormissent pas. Presque tous s’étaient creusé un trou dans la neige et, dans ce trou, ils s’agitaient, battaient la semelle, faisaient en sorte d’éviter l’engourdissement. Un d’eux restait inerte. À peine s’il avait pu déblayer un carré de neige et se faire une petite place où il grelottait, gémissait, se plaignait :

— Ah ! caporal, enlevez-moi de là. J’y vais mourir.

— Mais, mon pauvre ami, où veux-tu