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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/194

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que deux hommes près de moi : Boulogne et Dargent, puis, autour de nous, quelques corps étendus. Dargent fouillait la giberne d’un soldat privé de vie :

— A-t-il des cartouches ?

— Non !

— En trouves-tu, toi, Boulogne ?

— Pas une !

— Alors, à la baïonnette !

À ce moment, le fossé seul nous séparait des Prussiens. Boulogne poussa un cri.

— Qu’est-ce ? Es-tu blessé ?

— Ce n’est rien… c’est toi, en tirant ta baïonnette, qui m’as blessé à la main.

Allons ! voilà que je blessais mes camarades maintenant ! Et le découragement m’envahit, une lassitude affreuse s’empara de moi. Il y avait plus de cinq heures que je tirais. Je remis ma baïonnette au fourreau, je me retournai, mes pieds s’embarrassèrent dans un fouillis de branchages et je tombai.