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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/196

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de la route. Doucement, sans éveiller l’attention, et sans quitter mon fusil, je me laissai glisser dans ce fossé. Je compris que les Prussiens poursuivaient ce qui restait de notre compagnie en retraite sur Danjoutin. En face de moi, j’avais une vaste plaine blanche où j’hésitai à m’aventurer, ma silhouette faisant tache et fournissant point de mire. Je m’y décidai cependant, n’ayant pas d’autre moyen d’échapper à l’ennemi. Je laissai derrière moi le poste du Bosmont et je vis au loin la masse confuse des Prussiens se dirigeant à la poursuite des nôtres sur Danjoutin. À peine eus-je fait quelques pas que j’aperçus, semblant se diriger vers moi, une ombre pareille à la mienne, hésitante et mal assurée.

— Qui vive ?

Avec quelle émotion je répondis à mi-voix :

— France !