Aller au contenu

Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vignerons de Chagny, superbe garçon de vingt ans, gai, bon enfant, qui nous rassemblait le soir et nous charmait avec le répertoire de Pierre Dupont qu’il chantait avec toute son âme, d’une voix chaude et bien timbrée. Me laisserez-vous mourir seul ?

Nous nous approchons ; ses gémissements nous arrachaient le cœur. Déjà ses forces s’épuisaient. À notre question :

— Où es-tu blessé ? il n’avait pu répondre. Nous essayâmes de le soulever. Mais quand on lui toucha l’épaule, il poussa un cri. De même pour la jambe, qui nous parut être brisée. Il avait aussi une blessure à la tête, et le sang qui s’en échappait lui avait maculé le visage. Il nous fut impossible de l’emporter. Nous étions à découvert, de tous côtés on nous apercevait, nous nous serions fait prendre sans réussir à le sauver. Il ne nous fut possible que de le mettre à l’abri derrière un petit monticule