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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/222

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obus éclate à la porte de la poudrière et lui fait deux légères blessures : l’une, dans la rotule droite ; l’autre, à peine perceptible, au cou. C’est cette dernière qui lui donna la mort, puisqu’elle avait pour cause la capsule en cuivre de l’obus. Après vingt-quatre heures de souffrances, le pauvre garçon fut enlevé par le tétanos. Il est certain que cette blessure m’était destinée.

Un soir, j’étais couché dans la casemate. Au bout des planches qui me servaient de lit, vient s’installer Mouilleseaux, l’éclaireur qui nous entraînait à déserter après l’affaire du fusil refusé par Denfert.

Mouilleseaux étant de garde, je lui dis :

— Que fais-tu là ? Tu vas encore te faire attraper par le lieutenant.

— Je m’en f… du lieutenant. Au poste, il fait un froid de chien ; ici, il fait bon : je viens me chauffer.

Il était assis à mes pieds : une de ses jambes pendait et il tenait l’autre suré-