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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/228

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Quel sacrifice à la discipline je fis ce jour-là !

Enfin, le malheureux prit sa faction ; je le quittai pour continuer ma ronde et m’éloignai sans oser tourner la tête.

Un horrible fracas retentit à mes oreilles, puis un long gémissement. Je revins sur mes pas, Sick était étendu sur le sol. Le sang s’échappait à gros bouillons d’une horrible blessure : un obus lui avait enlevé la jambe gauche, fractionnant net, avec la cuisse, son sabre-baïonnette.

J’ai vu bien des blessures, bien des morts affreuses, mais je ne crois pas avoir été autant impressionné que par la mort de ce malheureux garçon.

Mort ? Il ne l’était pas encore. Je cherchai même à le rassurer sur les suites.

— Tu iras à l’hôpital ; tu seras bien soigné.

— L’hôpital ? Vous savez bien qu’on n’en revient pas !