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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/230

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cuisse et au ventre. Il était près de moi et venait de me raconter qu’un contrebandier se disposant à franchir les lignes ennemies, il avait préparé, pour la lui remettre, une lettre à sa fiancée. Il se vit frappé mortellement et rassembla ses forces pour me dire :

— Prends ma lettre ; envoie-la !

À la place de sa poche, il n’y avait plus qu’un amas de chair à vif et de chiffons sanglants.

— Ne la trouves-tu pas ? insista-t-il.

Son regard prêt à se clore me poursuivait : il voulait voir « sa lettre ». J’usai d’un subterfuge. J’avais, moi aussi, une lettre dans ma poche. Je la saisis et la lui montrai, en disant :

— La voilà !.

Il ferma les yeux… il avait eu cette dernière satisfaction.