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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/26

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pitée, avec l’encombrement des fourgons sur les routes, les longues marches sans distribution de vivres à l’étape, et les ordres donnés à contresens, et l’impéritie des chefs, leur ignorance. Ils s’étendaient longuement, avec découragement, sur ce premier chapitre d’un désastre dont nous arrivaient les premiers frissons.

Ils citaient, à l’appui de leurs inquiétudes âprement formulées, le fait de ce général qui, à Mulhouse, demandait « dans quelle partie de la ville passait le Rhin ».

J’étais démoralisé. Le bel entrain avec lequel je m’étais engagé faisait place à une angoisse inexprimable. J’entrevoyais l’abîme vers lequel nous marchions avec des soldats qui s’enfuient, des officiers qui ne savent se faire obéir, des généraux ignorant la géographie d’une région qu’ils ont à défendre.