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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/28

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enfin admis dans la salle à manger de l’Hôtel Lapostolet. Des officiers de cuirassiers occupaient la grande table. Quelques dames se trouvaient parmi eux. Leur présence contribuait sans doute à maintenir la conversation sur un ton modéré. Mais, à l’heure avancée où nous arrivions, on pouvait pressentir que cette réserve allait bientôt dégénérer en bruyantes manifestations.

Déjà la fumée des vins montait au cerveau de ces messieurs qui, par un reste d’habitude, fêtaient la Saint-Napoléon. Le champagne réveillant les sentiments belliqueux endormis chez eux par le premier échec : les cris « à Berlin ! » commençaient à s’élever autour de la table comme à Paris sur les boulevards. Qui donc aurait pu croire que ces officiers venaient de reculer devant l’ennemi ? J’éprouvais un serrement de cœur à entendre ces bravades, à voir cette gaieté.