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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/35

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Schlestadt, de Colmar, de Neuf-Brisach. Ils s’appuyaient lourdement sur leurs bâtons noueux. Ils se couchaient, l’œil à demi fermé, sur de petits paquets rebondis où la bonne mère avait mis, la veille, quelques hardes de rechange. Par un coin du mouchoir à carreaux qui leur tenait lieu de valise, passait un goulot de bouteille. On devinait, aux boursouflures du paquet, un quartier de jambon, un saucisson, des fruits, dernières douceurs du foyer paternel.

Ces Alsaciens se tenaient silencieux. Leur visage était triste et mal résigné, leur regard semblait sonder un avenir gros de menaces. Ils demandaient ce qu’il allait advenir de la chère maison, de la mère, de la fiancée qu’ils avaient quittées le matin même en pleurant.

Près d’eux, formant avec ces jeunes gens un contraste bizarre, blaguaient, avec un entrain plus nerveux que sincère, quelques