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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/36

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individus que je reconnus pour la plupart. Nous les avions vus la veille dans le train, ou bien à Paris, au Ministère de la Guerre. En effet, c’étaient des Parisiens. Les uns venaient directement de la capitale. D’autres, dirigés sur Strasbourg, avaient dû prendre une autre direction, à cause de l’investissement de cette place. À les entendre, ces derniers avaient déjà vu l’ennemi. Leur jactance était sans limite : l’un d’eux faisait parade d’un trou à sa jaquette, qu’il attribuait audacieusement à une balle prussienne.

Au bout de quelques instants, je savais que les uns avaient quitté Paris, bien plus par crainte de la misère que par patriotisme, que d’autres sortaient de Mazas : la guerre ayant ouvert la porte de leur prison, le Gouvernement les avait incorporés de force. Leur aspect était pitoyable. Déguenillés, hâves, quelques-uns n’avaient plus de coiffure ; leurs pieds sortaient pous-