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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/42

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— À l’eau !… à l’eau !… à mort l’espion !

Des charretiers, des portefaix bousculaient un monsieur bien mis qui gesticulait et criait sans parvenir à se faire écouter. En approchant, nous reconnûmes notre ami Leroux, fort mal en point au milieu de ces forcenés qui le prenaient pour un espion.

Pour la première fois, je me rendis compte du prestige de l’uniforme. Ce que les protestations indignées de Leroux, ce que la vue de sa feuille de route qu’il brandissait en vain aux yeux de ses agresseurs n’avaient pu obtenir, nous l’obtînmes sans trop de peine, grâce à cette capote burlesque dont nous avions tant ri la minute d’avant.

— C’est peut-être vrai, ce qu’il dit ?

— Eh oui ! ben sûr que c’est vrai, puisque voilà des soldats qui le connaissent !

Machinalement, je me détournai pour