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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/70

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expresse de pénétrer dans les vignes.

Nous commencions à perdre notre avance. Leroux marchait encore, mais je ne savais plus quelle position donner au fusil dont le poids m’accablait. Le sac me tirait en arrière et alourdissait mon pas. Quand le capitaine voulait voir comment nous nous comportions, il lui fallait regarder derrière lui. Nous l’entendions crier :

— Eh bien ! Leroux ! Poilay ! Ça ne va donc pas ? Allons, voyons, un petit effort !

Nous remontions, d’un « han » vigoureux, le sac sur nos épaules et nous changions de main notre fusil.

— Voilà ! voilà ! mon capitaine, ça va très bien.

— Comment trouvez-vous ces raisins ? Ils sont beaux, n’est-ce pas ?

— Ah ! mon capitaine, ce n’est pas charitable à vous de nous tenter ainsi, quand vous-même nous avez si bien mis en garde contre le fruit défendu.