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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/77

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ses vieilles maisons aux pignons sculptés, ses enseignes si curieusement enjolivées, semble une ville de rêve, un décor de théâtre. Il y avait, ce jour-là, je ne sais quelle fête dont la guerre n’empêchait pas la célébration. Les vitrines des pâtissiers, les étalages des hôteliers étaient remplis d’engageantes tartes de mirabelles aux tons d’or bruni. De nombreuses boutiques regorgeaient de jambons, de cervelas, de galantines.

Tantale n’eut jamais à supporter plus de suggestives tentations que les deux pauvres soldats que nous étions.

En retournant nos poches, nous n’arrivions pas, à nous deux, à compléter plus de douze sous.

Alors nous établîmes notre budget.

Quatre sous de charcuterie, quatre sous de pain, et, pour boisson, l’eau répandue généreusement par la jolie fontaine en fer forgé devant l’église. Quatre sous nous res-