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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/82

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notre table ! Venez, mes amis ! Venez boire et manger avec nous !

Le moyen de dire non ? Tout émus de ce chaud accueil, nous étions montés au premier étage et nous nous trouvions dans une grande pièce exceptionnellement aménagée en salle à manger. On était au dessert : vingt à vingt-cinq personnes entouraient une table couverte de fruits et de pâtisseries. On rapporta pour nous les reliefs d’une dinde rôtie : le tout fut arrosé de quelques bons crus d’Alsace et aussi de cette délicieuse liqueur de cerises que les ménagères fabriquent elles-mêmes.

Ces braves gens connaissaient déjà l’ennemi. Comme d’usage, il avait réquisitionné argent et vivres, puis, sur le bruit de notre arrivée, s’était replié promptement. Alors, les habitants reprirent assurance, persuadés qu’avec un détachement de l’armée de Belfort à leur porte, les Prussiens n’oseraient plus revenir.