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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/84

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Notre glorieux Bazaine, comme un lion, va secouer l’ennemi qui s’est accroché à ses flancs. Il franchira les murs de Metz, il écrasera l’armée prussienne !

Tout le monde s’enivrait ainsi de chimères et d’illusions. Les bouteilles se vidaient, les verres se choquaient au succès final, à la France, à l’armée. Les enfants se hissaient sur nos genoux, se coiffaient de nos képis, tiraient hors du fourreau notre inoffensif coupe-choux. Le temps passait agréablement : nous allions oublier l’heure et la longue marche qui nous séparait du camp de Burnhaupt.

Le bon Fichter nous retenait toujours.

À coup sûr, nous sommes les deux derniers soldats qui aient montré leur uniforme français dans les rues de Thann. Nous étions, pour ces patriotes, comme une égide, un palladium qu’ils ne voulaient pas laisser s’éloigner.

— Restez encore un peu, nous disait le