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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/92

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pourvoir à leur absence par notre propre industrie.

Il était bien difficile d’acheter, contre espèces, les plus vulgaires denrées, car les villageois qui avaient pu s’enfuir l’avaient fait. Il ne restait, à la garde des maisons vides, que des pauvres diables qui n’avaient à nous vendre ni œufs, ni beurre, ni poulets. D’ailleurs, ces gens nous craignaient comme la peste et se cachaient dès qu’ils nous apercevaient. Quelques-uns allaient jusqu’à dire, avec un cynisme qui nous indignait : — Nous avons bien des provisions, mais nous les gardons pour les Prussiens !

Aussi nous semblait-il que de pareilles réponses justifiaient toutes nos entreprises et, quand passait à notre portée quelque animal de basse-cour, oublié dans une ferme abandonnée, nous ne nous faisions pas faute de lui tordre le cou. Un jour, notre escouade mit la main sur un superbe matou qui n’avait jusqu’alors aucunement souffert de la