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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/94

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de la préparation de notre gibier. Très pénétré de l’importance de mes fonctions, j’avais, en ajoutant au beurre une pincée de farine, confectionné un « roux » dont le parfum se répandait jusqu’à l’extrémité du camp, excitant la curiosité et la jalousie des autres escouades. Mais la pluie redoublait ! Le parapluie, dont trois baleines au moins étaient cassées, ne m’abritant qu’imparfaitement, l’eau m’entrait dans le cou, le sol se détrempait sous mes pieds, que je ne pouvais plus détacher de la vase dans laquelle je m’enfonçais. À chaque instant, il fallait rallumer le fourneau dont la fumée m’aveuglait. Mon plat n’avançait guère, je commençais à en désespérer et je dois avouer que Vatel s’était passé sa broche au travers du corps pour moins que cela. Enfin, je pus appeler l’escouade à venir s’en régaler. Bien qu’il ait eu quand même un certain succès, je dois reconnaître que l’odeur de fumée dont il était imprégné n’eût permis