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RENSEIGNEMENTS DE CLEMENCEAU SUR CAILLAUX

Caillaux a dit beaucoup de mal du gouvernement français et du président de la République. Il a déclaré que, bien que l’Allemagne eût commis des atrocités, sa politique à lui vis-à-vis de l’Allemagne et de l’Angleterre n’était pas changée et qu’il demandait au gouvernement allemand de ne pas le compromettre par des éloges de presse et de critiquer, au contraire, le plus possible, le traité franco-allemand du 4 novembre 1911. Ce télégramme établit que, dès l’hiver de 1914-1915, Caillaux causait avec l’Allemagne en dehors du gouvernement français. Ignace estime que le télégramme apporté d’Amérique et les renseignements de Barrère jettent sur le rôle de Caillaux une clarté nouvelle. Le gouvernement des États-Unis a fait demander par M. Sharp si la France verrait un inconvénient à la publication de ce télégramme. Clemenceau a répondu que nous n’en voyons aucun.


Dimanche 13 janvier

Clemenceau vient l’après-midi, après s’être fait annoncer par téléphone.

« Vous n’êtes donc pas, lui dis-je, parti pour l’Angleterre ?

— Non, je ne serais pas parti sans revenir vous voir. J’ai ajourné mon voyage à jeudi ou vendredi prochain. J’ai obtenu satisfaction sur l’extension du front. D’autre part, Pershing s’est mis d’accord avec Pétain. Voici, du reste, le papier que le général Weygand m’a remis sur les deux questions. Dès lors, je ne suis plus aussi pressé. Et puis, nous allons arrêter Caillaux. Vous avez vu le papier d’Amérique et les télégrammes de Barrère ? Nous pouvons marcher. »

Clemenceau me parle ensuite du mécontentement causé en Italie par les discours de Wilson et il est aussi sévère pour les prétentions ita-