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LA VICTOIRE

— Lesquels ? la Vérité ? J’en suis maître maintenant. Donnez-moi un article, je l’y ferai passer.

— Mais il en passe d’autres.

— Non, non ; je tiens Paul Meunier. De même, je suis maître du Pays, malgré Loucheur qui ne m’a pas beaucoup aidé. Reste le Populaire, mais je suis sur le Populaire maintenant et sur Longuet. Laissez-moi le temps.

— N’importe, vous avez beaucoup plus de mal à réprimer les troubles qu’à les prévenir.

— Laissez, laissez. Maintenant, je voulais vous parler des Tchèques. Pichon m’a préparé une réponse pour Robert Cecil ; elle est très bien. J’explique que nous avons besoin de ces Tchèques, que leur présence sur le front français produira grand effet en Bohême. J’espère que les Anglais comprendront. Troisième point : Leygues. Je lui ai demandé si c’était l’amiral de Bon ou lui qui était ministre. Il m’a créé toutes les difficultés du monde avec l’Angleterre et il enlève à mon geste le bénéfice de la bonne grâce. Il me dit qu’il est impossible que notre armée navale passe sous le commandement anglais.

— Mais il n’est pas d’accord avec vous sur la formule ?

— Oui, sur la formule de coordination, formule incomplète et provisoire. Il ne veut pas aller plus loin. Il faudra bien qu’il y aille.

Et il continue ainsi d’un ton saccadé.


Vendredi 24 mai.

Le matin, avec Mme  Poincaré à la Pitié pour voir les victimes du raid de l’avant-dernière nuit ; puis boulevard de l’Hôpital aux maisons détruites. Toujours très bonne tenue de la population.

L’après-midi à la Sorbonne. Célébration de l’entrée en guerre de l’Italie et de l’ « Empire Day » britannique. Discours un peu solennel de