Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
le grand cordon au général fayolle

de déserteurs allemands, un journal appelé le Kempf qui est, en réalité, une agence de désertion et de propagande révolutionnaire. Lorsque la police russe a été dissoute, elle a passé ses services à nos agents. On n’y a rien trouvé d’utile, sinon l’indication du nom d’un individu qui aurait contribué à fomenter des troubles dans la marine allemande. La femme du directeur du Kempf est allée à Berlin pour rechercher cet agent. Elle y a acquis la certitude qu’il n’existait pas et que les Russes avaient été joués. En revanche, elle est entrée en rapport avec des organisations révolutionnaires qui paraissent sérieuses. Ces organisations auraient peu de correspondants dans le bassin d’Essen, trop surveillé par la police, mais elles auraient beaucoup de correspondants à Berlin et autant en Silésie.

Le comte Gyldenstolpe, ministre de Suède, mis à la retraite, vient me remettre ses lettres de rappel.

Le général Herr me remercie de la plaque de grand officier que je lui ai remise le 14. Il revient de l’armée Mangin et me dit que la lutte paraît y devenir plus dure.


Mercredi 24 juillet.

Clemenceau va encore de plus en plus aux armées. Il intervient dans la question militaire auprès des chefs.

Un détail sans gravité, mais caractéristique : je dois aller demain remettre le grand cordon au général Fayolle. Celui-ci avait exprimé le désir que la cérémonie eût lieu à Château-Thierry, l’armée Dégoutte faisant partie de son groupe et la libération de la ville étant en grande partie son œuvre. Dans la matinée, Clemenceau a envoyé Mordacq à Sainsère pour m’informer qu’il craignait qu’il y eût inconvénient à éloigner Fayolle de son poste de commandement. Sainsère m’ayant