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armées ni officiers ni soldats. Ses partisans sont, du reste, très peu disposés à venir se battre en France.


Vendredi 2 août.

Dans la matinée, visite du Maharadja de Patiala que m’annonce lord Derby. C’est un bel Hindou aux magnifiques yeux noirs. Il parle l’anglais avec assez de difficulté et de lenteur pour que je le comprenne facilement. Il m’avait envoyé, d’avance, 25000 francs pour les victimes de la guerre. Sur la proposition du gouvernement, je lui remets, à sa grande joie, la plaque de grand officier de la Légion d’honneur.

Au déjeuner, Hoover, ministre du Ravitaillement des États-Unis, Sharp, ambassadeur des États-Unis, Cresby, Roosevelt, secrétaire d’État à la Marine, Bonin, ambassadeur d’Italie, Nitti et Crespi, membres du gouvernement italien, et aussi les ministres du cabinet Clemenceau. En parlant de ce qu’il a fait durant la guerre pour le ravitaillement de nos régions envahies, Hoover a les larmes aux yeux.

Bonin insiste pour qu’on donne à Nitti une réponse favorable sur les accords financiers. Je réponds wagons et camions. Bonin parle de la supériorité des effectifs autrichiens et de la menace d’une attaque allemande en Italie. Je réponds que l’Autriche sera battue en Italie le jour où l’Allemagne sera battue sur le front français.

Ignace m’apprend qu’après entente entre Clemenceau, Jeanneney et lui, il a été décidé que le décret relatif au renvoi de Caillaux devant la Haute Cour ne serait pas pris avant quelque temps, et qu’on laisserait se terminer l’affaire Malvy, pour ne pas paraître diminuer l’affaire Caillaux et l’abaisser au rang d’incident de procédure.