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M. Louis Guérin qui revient de Rome, en rapporte la conviction qu’il serait nécessaire de rétablir les relations du Vatican avec la France. Il ne se fait cependant aucune illusion sur la possibilité de convaincre Clemenceau.


Samedi 3 août.

Pas de nouvelles de Clemenceau dans la matinée. À la fin de la journée, il fait téléphoner qu’il va venir, puis il s’excuse et annonce qu’il viendra lundi.

Dans l’après-midi, avec ma femme, visite à Grignon, où Verlot a installé une école de rééducation professionnelle des mutilés et où il a également hospitalisé les mutilés de l’école de Nancy. Longue promenade dans les ateliers.


Dimanche 4 août.

J’ai voulu venir aux armées pour l’anniversaire de la déclaration de guerre. J’ai quitté Paris hier soir par la gare de l’Est avec Duparge et Herbillon. La ligne ferrée a été à peu près rétablie entre Château-Thierry et Épernay. Déjà y sont passés quelques trains militaires. J’arrive à Châlons à huit heures du matin. Le général Gouraud m’attend sur le quai de la gare. Je lui exprime tout de suite mes félicitations pour la part qu’il a prise dans nos derniers succès. Il a eu, en effet, un rôle sacrifié. Il a reçu le choc le plus violent. Suivant les instructions données par Pétain, il a cédé ses premières positions et n’y a laissé que des éléments pour retarder la progression allemande. Ses troupes ont accompli leur mission de confiance avec un héroïsme splendide sous un bombardement intense. La résistance s’est faite sur les secondes positions et a pleinement réussi.

Je monte en auto avec le général Gouraud et nous nous rendons d’abord par Saint-Rémy-sous-