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sivement son chef de cabinet et le général Alby et que je leur pose moi-même des questions. « C’est, dit-il, une pratique qu’il veut instituer dans un intérêt général. » Je consens, bien entendu, à avoir cette double conversation. Clemenceau me dit qu’il a interrogé Foch sur l’opportunité d’inviter Joffre à la remise du bâton. Foch a répondu : « Je n’y tiens pas. » Dès lors, Clemenceau est d’avis de ne pas inviter Joffre. Il pense que Haig pourrait recevoir la médaille militaire sur la proposition de Foch. Foch la demande en effet. Clemenceau conclut : « Je vais rédiger l’arrêté. » Il oublie que Haig étant étranger, ce n’est pas lui, Clemenceau, mais Pichon, qui doit faire la nomination. Le président du Conseil me confirme incidemment que c’est à Saint-Mihiel que les américains feront leur première attaque. Il leur fait, me dit-il, donner des tanks.


Mercredi 14 août.

J’ai convoqué, comme Clemenceau m’en avait prié, M. Godin, son chef de cabinet civil, et le général Alby. Chacun pour sa part m’a donné quelques renseignements sur l’emploi des fonds secrets. Il en résulte que des sommes importantes ont été attribuées au cabinet civil et dépensées en frais de voyage par Clemenceau, en gratifications à des employés, en secours ou en missions données à des journalistes ou à des hommes politiques, dont 25000 francs à L. Andrieux. Pourquoi ?

D’autre part, le grand quartier général, qui reçoit des sommes considérables, n’en rend compte à personne. Dépourvu de toute sanction, je ne puis que signaler ces obscurités au général Alby et à M. Godin, en les priant de tâcher de faire rentrer l’emploi des fonds dans des limites plus normales.