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offensive à objectif trop limité et qui paraissent vouloir s’arrêter.


Vendredi 23 août.

Conseil des ministres.

Clemenceau, très joyeux des succès militaires, demande, maintenant que tout danger est conjuré, que les ministres prennent les mesures nécessaires pour faire revenir immédiatement à Paris celles de leurs administrations qui ont été si inutilement évacuées. Il ne faut toutefois pas oublier que Paris n’est pas à l’abri des avions et du canon, et il est prudent de ne pas faire revenir en masse les archives, les œuvres d’art et les titres. C’est l’observation que je fais en Conseil et à laquelle souscrit Clemenceau.

Leygues rend compte de notre voyage à Brest et de l’accueil de la population.

L’après-midi, Clemenceau vient en auto me chercher pour nous rendre auprès de Foch.

Leygues et Loucheur viennent de leur côté. Nous sommes suivis de deux autres autos, dans l’une le général Duparge et le général Mordacq, dans l’autre, Herbillon et Challe.

En route, Clemenceau me parle de ses ministres, notamment de Pams et de Nail, et il les juge avec une vivacité moins drôle qu’il ne le croit. Il évoque également des souvenirs de jeunesse et de famille. Lorsque nous arrivons au poste de commandement du maréchal Foch, au château de Bombon (Seine-et-Marne), nous sommes accueillis par les vivats des femmes et des enfants. Notre auto pénètre dans le parc du château Louis XVIII. Là, sur une vaste pelouse, sont rangés les officiers d’état-major et un détachement de soldats de choix, décorés et médaillés. Je passe sur le front, puis je viens me placer devant le drapeau. Foch devant moi, Clemenceau à ma droite.