CHAPITRE XI
Vendredi 1er novembre.
Visite aux cimetières. La cinquième, hélas ! à cette même date, depuis le commencement de la guerre ; et les cimetières s’étendent et se remplissent. La foule, même les parents en deuil, paraissent cependant moins tristes que les années dernières. Jolie matinée de soleil.
L’après-midi, longue conversation avec Loucheur. Je lui lis les télégrammes du Quai d’Orsay relatifs aux menées bolchevistes et aux manœuvres de révolution internationale. Il ne redoute pas pour la France de mouvements ouvriers avant l’armistice, mais il craint la période qui suivra, surtout si elle se prolonge, et il pense qu’il faut, avant tout, empêcher le chômage par des transformations rapides dans les industries d’armement, et, au besoin, indemniser les chômeurs. Il dit qu’il a trouvé Clemenceau désormais favorable aux conditions de Foch et convaincu, ajoute-t-il en riant, qu’il l’a été dès la première heure. « Il m’a aussi déclaré, me dit encore Loucheur, qu’il céderait