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DINER À L’AMBASSADE DES ÉTATS-UNIS

la réquisition des navires de commerce par le ministre de la Marine. Jeanneney pense que la loi de 1884 sur les syndicats et celle de 1902 sur les associations donnent à peu près les mêmes avantages aux fonctionnaires, mais qu’il faut s’opposer nettement au droit de grève. J’insiste vivement dans le même sens.

Foch, qui vient me voir, croit indispensable que Clemenceau prenne la présidence du Conseil sans portefeuille et se fasse remplacer au ministère de la Guerre où tout va à vau-l’eau. Il aimerait mieux avoir Renoult comme ministre que personne ; il se propose de le dire ouvertement à Clemenceau.

Dîner à l’ambassade des États-Unis avec le président et Mme Wilson. Wilson se détend de plus en plus, cause, rit, me tape dans le dos. Ce Platon est un homme qui rit ; peut-être même n’est-ce pas un Platon ? Il se félicite de la conversation qu’il a eue aujourd’hui avec Foch.

Après le dîner, grande réception. Ma femme et moi, nous sommes priés par M. Sharp de nous mettre près de la porte pour recevoir les invités avec M. et Mme Wilson.


Mercredi 18 décembre.

Foch m’avait expliqué hier que si, dans l’armistice, il n’avait pas cru devoir demander la démobilisation allemande, c’est pour deux raisons : 1o parce que l’armée allemande est en pleine décomposition ; 2o parce qu’il n’aurait eu aucun moyen de contrôle. Mais la Chambre où beaucoup de députés voudraient la démobilisation allemande pour avoir plus tôt la française, réclamerait celle-ci dès qu’on aurait la preuve de celle-là et a déjà fait interpeller le gouvernement à ce sujet par l’organe de M. Constant, de la Gironde. Clemenceau a fait répondre par Jeanneney qui a posé la question