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CHAPITRE III


La Meuse envahie. — Visite de M. Vandervelde. — Les coq-à-l’àne des chancelleries. — Notre offensive dans l’Est ; succès de la 1re et de la 2e armées. — Le premier drapeau pris à l’ennemi. — L’armée belge se replie sur Anvers. — Le retour de M. Jules Cambon à Paris. — La bataille de Morhange. — Des Alsaciens à l’Élysée. — La retraite vers Nancy.


Dimanche 16 août 1914.

Toujours l’incertitude, l’attente et la fièvre. Des opérations militaires, je ne connais que le peu dont les officiers de liaison me font, chaque jour, l’avare confidence. Nos troupes ont repris hier Blamont et Cirey ; elles sont rentrées à Thann ; mais la joie que nous causent ces petits succès est gâtée par la pensée de tout le sang qu’ils coûtent à la France. Nous recevons, en outre, de M. Mirman, préfet de Meurthe-et-Moselle, de poignantes informations sur les excès que commettent les troupes allemandes. Elles se conduisent comme si elles avaient reçu l’ordre de nous terroriser et comme si, dans son ivresse d’orgueil, un chef aveugle croyait pouvoir donner à sa férocité l’excuse d’abréger la guerre. Pendant les huit jours que l’ennemi est resté à Blamont, il a, sans aucune raison, tué trois personnes, dont une jeune fille et un vieillard, M. Barthélemy, ancien maire, âgé de quatre-vingt-six ans. D’autres renseignements, qui