Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/179

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appartient, sous sa responsabilité devant le Parlement, de déterminer les conditions générales, politiques, financières, économiques, diplomatiques, dans lesquelles doit se poursuivre la guerre. Dès lors, il est indispensable que le G. Q. G. ne s’isole pas dans une tour d’ivoire et ne se dérobe pas à tout contrôle. Sans doute, ce serait une dangereuse absurdité que de laisser le gouvernement intervenir dans la conduite des opérations militaires, mais il doit être plus renseigné qu’il ne l’a été jusqu’ici. La régularité de son contrôle est même la seule façon d’éviter que le Parlement substitue son rôle à celui du gouvernement et pousse jusqu’à l’abus sa propre intervention, qui pourrait, elle, devenir périlleuse par la multiplicité désordonnée des initiatives. Et puis, mon cher ami, je ne crois pas moins nécessaire, à l’heure grave où nous sommes, d’élargir enfin et de fortifier votre cabinet. — Je comprends comme vous cette nécessité, répond Viviani. Mais j’ai scrupule à écarter les uns ou les autres de mes collègues. — Certes, lui dis-je, je m’explique votre embarras. Vos collègues ont très loyalement accepté la responsabilité de toutes les mesures prises par le gouvernement. Ils ont fait preuve, depuis le mois de juillet, d’un courageux esprit de solidarité. Mais que voulez-vous ? Le pays avant tout. Je préférerais n’éliminer personne et adjoindre simplement au cabinet quelques ministres sans portefeuille. — Trouverez-vous des hommes de premier plan qui acceptent cette combinaison dans le ministère tel qu’il est constitué ? On vous répétera que c’est .une équipe de partisans, qui manque d’autorité sur une grande partie de l’opinion. Mais faites comme vous l’entendrez. Personnellement,