Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/192

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plaindront pas ouvertement, mais ils promèneront désormais leur amertume dans les couloirs des Chambres et nous garderont, à Viviani et à moi, une rancune aussi tenace que dissimulée. Leurs récriminations ne seront pas toujours inoffensives et parfois même elles contribueront à créer d’absurdes légendes, que nous verrons apparaître aux heures troubles de 1917. Mais qu’importe ? M. Viviani et moi, nous avons fait ce que nous devions.

Dans la soirée, le cabinet est ainsi composé : M. Viviani demeure président du Conseil sans portefeuille, comme il l’était hier ; M. Delcassé rentre, comme il le désirait, dans la maison du quai d’Orsay ; M. Malvy, comme le souhaite la majorité de la Chambre, conserve le ministère de l’Intérieur; M. Ribot, en qui tout le monde reconnaît un de nos plus grands parlementaires, remplace M. Noulens au ministère des Finances ; M. Millerand reprend, à la tête du département de la Guerre, la place qu’il a très utilement occupée en 1912 ; M. Augagneur continue à diriger l’administration de la Marine ; M. Albert Sarraut, le sympathique et très distingué député de l’Aude, reste Grand maître de l’Université ; M. Marcel Sembat, socialiste, est chargé du ministère des Travaux publics ; M. Gaston Thomson garde le portefeuille du Commerce ; M. Fernand David, celui de l’Agriculture ; M. Doumergue prend celui des Colonies ; M. Bienvenu-Martin abandonne galamment la Justice pour le Travail ; M. Jules Guesde, socialiste, reçoit le titre nouveau de ministre d’État sans portefeuille.

M. Viviani me présente le cabinet reconstitué. Je félicite les ministres de leur patriotisme et