Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/233

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à la Belgique sous prétexte que celle-ci prête son concours à la France et à l’Empire britannique. L’apparition de ce nouvel ennemi ne surprend, ni ne décourage nos voisins. Leur vaillante reine est partie ce matin d’Anvers pour l’Angleterre, où elle conduit ses enfants ; elle reviendra dans peu de jours. Elle a reçu M. Klobukowski avant son départ et lui a dit qu’elle conservait une confiance inébranlable dans notre succès final. « Elle m’a parlé avec émotion, télégraphie notre ministre, des actes de cruauté commis par les armées allemandes sur une population douce et inoffensive, et elle a textuellement ajouté ceci : « Ceux qui ont conçu cette guerre et la dirigent sont des fous. La folie seule peut expliquer une pareille horreur11. »

À la fin de la journée, l’aimable ministre de Roumanie, M. Lahovary, m’envoie, au sujet de son pays, un petit mot plein d’espoir : « Monsieur le Président, m’écrit-il, je reçois à l’instant de ma femme une dépêche partie hier de Bucarest à 15 h. 30. Elle me dit : « Les dispositions dont parlent ma lettre s’accentuent ; presque obtenu promesse versement argent. » En langage convenu, cela veut dire que le moment approche où nous allons prendre l’attitude que je souhaite, vous savez laquelle. – Votre tout dévoué : LAHOVARY. »

Dans la soirée, rien ne nous annonce que la marche des Allemands sur Paris soit arrêtée ou ralentie, ni qu’ils aient changé d’objectif. D’après les renseignements du grand quartier général français et notamment d’après les radios qu’échangent entre eux les commandants des unités allemandes